Dans le contexte actuel de montée en puissance de l’alternance, le rôle du maître d’apprentissage ou tuteur en entreprise devient de plus en plus central. Pourtant, il est encore souvent négligé dans les dispositifs de formation, alors même qu’il constitue un maillon essentiel du parcours des apprenants. Accompagner un alternant, ce n’est pas seulement l’encadrer sur le plan technique : c’est aussi l’accueillir, le soutenir, et favoriser sa socialisation professionnelle. Pour cela, une formation spécifique des maîtres d’apprentissage s’impose comme une évidence.
Un rôle souvent attribué, rarement préparé
Dans de nombreuses structures, la mission de tuteur est confiée à un professionnel du terrain, reconnu pour ses compétences métiers. Qu’il soit volontaire ou désigné, il est rarement formé à l’accompagnement pédagogique. Cette situation crée un décalage entre les attentes institutionnelles vis-à-vis de l’alternance – professionnalisation, transmission, montée en compétences – et les moyens réellement donnés aux entreprises pour jouer pleinement leur rôle formateur.
Or, comme le rappelle Perrenoud (1994), former un jeune ne revient pas seulement à « transmettre des savoirs ». Il s’agit d’accompagner un processus d’intégration dans une culture professionnelle, de construire une posture, et de développer des compétences transversales. C’est un métier dans le métier, qui ne s’improvise pas.
Des difficultés persistantes pour les alternants
Les témoignages d’alternants et les études récentes sont sans appel. Dans une enquête menée dans le cadre d’un mémoire de Master 2 (Bernardo, 2025), près de 40 % des jeunes interrogés ont déclaré avoir vécu un accueil difficile ou mal organisé lors de leur arrivée dans l’entreprise. Un alternant sur trois estime que son tuteur n’était pas suffisamment formé ou préparé à l’exercice de cette responsabilité.
Ces constats font écho aux travaux de Vygotski (1934) et Bruner (1983) sur l’importance de l’étayage dans les apprentissages. Un encadrement mal calibré, un manque d’écoute ou une absence de cadre peut rapidement créer du décrochage, une perte de confiance ou un rejet de l’expérience professionnelle. À l’inverse, un accompagnement bien structuré est un facteur clé de motivation, de fidélisation et de réussite.
Accompagner, transmettre, évaluer : une triple exigence
Le maître d’apprentissage remplit plusieurs fonctions qui exigent des compétences pédagogiques, humaines et organisationnelles. Il est à la fois un référent métier, garant de la transmission des gestes professionnels et des savoir-faire ; un accompagnateur, capable d’écouter, de guider, de soutenir ; et un intermédiaire entre l’entreprise et le centre de formation.
Cette position demande une capacité à ajuster son discours, à instaurer une relation de confiance, à formuler des feedbacks constructifs, mais aussi à évaluer les acquis et à participer à la progression de l’alternant. Comme le souligne Jorro (2002), cette posture suppose une réflexivité et une conscience du rôle éducatif, qui ne peuvent être laissées au hasard.
La formation des maîtres d’apprentissage : un enjeu de qualité
C’est pourquoi chez PGM Learning, nous avons développé un programme de formation spécifique à destination des tuteurs et maîtres d’apprentissage. Cette formation permet de professionnaliser leur rôle, de renforcer leurs compétences relationnelles et pédagogiques, et de leur donner les outils pour anticiper les situations difficiles.
Les objectifs sont clairs : améliorer l’accueil et l’intégration des alternants, favoriser leur montée en compétences, prévenir les ruptures de contrat et valoriser l’implication des entreprises dans la réussite des jeunes. En formant les tuteurs, on agit concrètement sur la qualité des parcours de formation, la satisfaction des alternants et la performance des organisations.
Valoriser le rôle de tuteur : une reconnaissance nécessaire
Être tuteur, c’est s’engager dans un rôle qui dépasse le simple encadrement technique. C’est devenir un acteur de la transmission, un facilitateur de parcours, un révélateur de potentiel. Ce rôle mérite reconnaissance, valorisation et accompagnement. Le former, c’est aussi le sécuriser dans sa mission, et renforcer son propre sentiment de compétence.
Comme l’a démontré Bandura (1977), le sentiment d’efficacité personnelle est un facteur déterminant de l’engagement. Former les maîtres d’apprentissage, c’est donc renforcer leur confiance, leur motivation et leur capacité à soutenir les jeunes avec efficacité. C’est investir dans l’avenir des métiers, dans la transmission des savoir-faire, et dans une alternance porteuse de sens.
